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L’Humanité : Claudie Hunzinger, le versant animal

jeudi 6 octobre 2022, par webmestre

Littérature Dans Un chien à ma table, un roman en lice pour les prix Femina, Médicis et Renaudot, l’écrivaine et plasticienne, à l’affût de ce qui se vit et s’écrit, interroge la frontière entre l’humain et la nature. Rencontre chez elle, en Alsace, près de Colmar.

Tout a commencé à Bambois, hameau des Vosges alsaciennes où Claudie et Francis Hunzinger se sont installés en 1965 pour ­répondre à « l’appel de la montagne », rêvant de littérature et de grands troupeaux. Elle avait 25 ans, lui 26, ils s’étaient connus dans l’enfance, perdus de vue puis retrouvés et ne s’étaient plus quittés. Près de soixante ans plus tard, ils vivent toujours dans cette ferme du XVIIIe siècle plantée à même la pente, face à une vallée qui a reverdi avec les premières pluies d’automne. Elle a investi l’étage, un ancien fenil couvert de bois du sol au plafond. Lui, le « lecteur de nuit », qui se montre vers midi, habite l’entresol. Leur fils Robin, documentariste, qui s’est aménagé un studio dans une partie de la maison, s’occupe des ruches et du potager. Tous ensemble et chacun chez soi.

« Quand on peut nommer, tout porte un soi »

Depuis Bambois (1973), son premier livre en forme de carnet de bord, Claudie Hunzinger n’a cessé d’écrire sur ce lieu, de le rêver, de le métamorphoser. « Quand on s’est installés ici, je ne me suis pas sentie seule, tout était animé. Je savais reconnaître un érable ou un peuplier, une fougère-aigle ou une fougère mâle. Les pins debout étaient des garde-corps. Quand on peut nommer, tout porte un soi, comme disent les anthropologues. » La prise de notes est arrivée naturellement, en parallèle des croquis. Matrice de l’œuvre à venir et succès de librairie, Bambois documente les premières années sans eau courante, les cristaux de gel sur les murs de la chambre, la neige qui coupait le hameau du reste du monde, les agnelages : « C’était très précaire, mais c’était le dernier de nos soucis. Il y avait un terrain, la possibilité d’avoir un troupeau de brebis, il y avait des bois, des prés, c’était ça l’important. Nous n’avions rien à faire du consumérisme qui s’annonçait. »

L’Humanité : Claudie Hunzinger, le versant animal